Sylva Hanuise, Sculpteur, Grand-Halleux, Belgique
En sculptant, je fais une chose vitale pour moi. Cela remplit un besoin essentiel. Peut-être est-ce une façon d'assumer ma solitude, mon unicité et de la partager ensuite ? Serait-ce cela l'art ? L'acte d'un être pour assumer sa solitude et puis la partager ?
Je suis toujours étonné de voir que la plupart de mes sculptures passent par des nœuds. Je veux dire que je sculpte de petits mouvements qui me prennent un temps énorme, sur lesquels je focalise toute mon attention et puis finalement je découvre qu'ils ne servent à rien dans la pièce, que tout fonctionne mieux sans eux et je les enlève ; et en même temps si je ne les avais pas fait, quelque chose n'aurait pas été là.
Il y a des gestes qui ne peuvent attendre. Quand ils sont là, leur présence est telle qu'ils sont mon corps entier. Ils sont comme un accouchement, rien ne peut les différer. La force est là, Intégrée dans le corps, incorporée. C'est une naissance. Je peux la refuser mais quel est le sens de ce refus. Il va contre la vie, ma vie, mon émotion. Jamais je ne le refuse, c'est le privilège que je me suis octroyé en sculptant. Ce n'est pas moi qui travaille la pierre mais elle qui me travaille, elle qui ne me laisse pas en paix.
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